Les douleurs du passé [Libre à tous]

Ce jour-là Genesee avait entreprit de faire une longue marche dans le quartier résidentiel où elle avait vécu avant l’arrivée d’Asmodée quatre ans auparavant. C’était une démarche douloureuse, mais elle voulait voir, se rassurer, savoir si sa famille habitait toujours ici, où si ils étaient partis après sa disparition.
Elle n’avait pas le droit de se faire remarquer. Sans doute dans le quartier tout le monde la croyait morte. Personne ne pouvait croire à une possession, du moins, pas encore. Cela serait une catastrophe si on la voyait déambuler dans la rue. Par chance Asmodée avait le pouvoir de disparaitre, de s’évaporer en quelques secondes. Elle s’en servirait si besoin il y avait.

Genesee déboucha soudain dans l’ancienne rue où elle vivait. Et juste en face se trouvait la petite maison aux briques rouges et aux volets blancs. Rien n’avait changé, si ce n’est que l’endroit semblait vide de toute vie. Elle s’avança d’un pas timide vers le portail qu’elle poussa. Le jardin avait changé, la pelouse était haute et infestée de mauvaises herbes. Les buissons étaient morts, le pommier avait grandit et ses fruits apparaissaient dans le branchage. Ils avaient l’air délicieux. Elle fut tenter d’en prendre un mais se ravisa, préférant continuer sa visite. La porte d’entrée n’était pas fermée.

Elle l’ouvrit précautionneusement, y avait-il quelqu’un ?
A vrai dire elle ne s’en inquiétait pas. Elle ouvrit la porte, et Genesee fit face au couloir principal de la maison. Des souvenirs alors enfouis dans sa mémoire ressortirent soudainement, mêlant des couleurs, des odeurs et même des sons, ceux qu’elle aurait voulu entendre depuis sa petite enfance. La voix douce de sa mère, railleuse de son frère. Les jappements, les aboiements de Pablo. L’odeur du repas du soir, celle de la pizza tomate-mozzarella-coppa. Elle se revoyait à ses quatorze ans lorsqu’elle rentrait de l’école.
Elle se dirigea vers la cuisine, s’attendit à voir sa mère, mais… personne. La table au centre avait disparue, le frigo était vide, les placards aussi.

Le salon avait lui aussi été totalement vidé. Elle ne tenta pas d’allumer la pièce, le courant avait du être coupé. Elle n’entra pas dans la chambre de ses parents. Elle fila directement à l’étage où se trouvaient les chambres de ses frères et de sa sœur toutes avaient été vidées.

La jeune fille fini par la sienne qui elle aussi avait été débarrassée de son lit, son armoire et son bureau. Elle en fut étonnée, sans doute ne voulaient-ils pas l’oublié. La jeune fille se mit à genoux sur le parquet, les larmes aux bords des yeux. L’une d’elle se détacha et coula sur sa joue qu’elle n’essuya pas.

*Pourquoi te fais-tu autant de mal, murmura la voix glaciale d’Asmodée, comment as-tu pu croire que tu les reverrais. Tu es dans un autre monde, Mon monde, les tiens n’ont pas leur place et tu m’appartiens, chérie.*

Genesee tenta de ne pas l’écouter mais Asmodée était fort pour persuader, elle ne dit rien et pleura. Un bruit se fit entendre au rez-de-chaussée, mais la jeune fille ne remarqua rien…